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Gérard

Les jours heureux

Un après-midi à la plage de Saint Cloud

(Gérard Rodriguez)

Si les anglais disent pour débuter une histoire "once upon a time" moi je dis simplement, vous rappelez vous de notre belle plage de St Cloud, aïe aïe qu’est ce qu’on a pu y aller, on partait vers les 3 heures de l’après midi, et comme je l’ai dis, nous habitions cette belle cité Montplaisant. Alors la plage était pas loin. Et on en a passé des journées à la mer, ma maman préparait le panier, avec des sandwichs, des bouteilles d’eau. Madame Poitevin et ses enfants nous rejoignait, et nous partions avec les serviettes, et le couffin. Moi j’avais parfois ma petite canne à pêche, sinon toujours sur moi du fil de pêche, il y avait mon frère de 8 ans, ma sœur était encore petite alors elle avait droit au landau, et toujours le même chemin, descendre la fontaine romaine, tourner à droite en longeant les milles logements qui se trouvaient donc sur notre gauche, et on descendait tout droit, jusqu’à ce qu’on arrive au trou des sœurs, à la pierre plate. Là, la route tournait à droite pour aller à la plage Gassio et vers le lever de l’aurore, mais pour St Cloud on tournait à gauche, on traversait, et on longeait, la plage, jusqu’à ce que nous trouvions les escaliers, en ciment, pour descendre sur le sable.

Nous, les enfants des fois on préférait sauter du haut du trottoir et alors ma mère nous criait "c’est ça, oualla oualla!! c'est ça, allez vous casser les cornes, et moi comment je fais pour vous ramener à la maison, ouuuuu ces enfants, y me font venir folle", ah maman comme j’aimerai encore t’entendre dire cela, et puis oui on s’installait sur le sable, ma mère mettait sa serviette, et s’allongeait dessus, et nous disait "si vous mangez maintenant, vous allez pas dans l’eau hein!!!", la pauvre elle avait pas finit de dire ça que on était dans l’eau. Et elle, en avant la tchatche.

Moi à la pierre carrée à St cloud mars 2010.
Moi à St cloud mars 2009, de ce rocher près de la pierre carrée, j'en ai attrapé des petits marbrés avec mon bout de roseau.

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Moi qui ai toujours eu la folie de la chasse et de la pêche, je me rappelle que je creusais au bord, juste là ou le sable finissait et que la mer commençait et dans ce temps là je ramassais des gros vers, je me rappelle, ils étaient lisses, et un peu translucide. J’avais un petit panier qui pendait sur mes épaules, et un bout de fil de pêche de 1 mètre, avec des petits hameçons, j’accrochais des bouts de vers, je rentrais dans l’eau jusqu’à la poitrine et avec mes pieds je remuais le sable, oh putain!! Laisse que les petits marbrés y me viennent dans les jambes et en avant, combien j’en ai attrapé des petits marbrés, une journée j’en ai attrapé 60, pas gros, mais ma mère les mettait au congélateur, et quand y en avait un bon kilo, elle les faisait frire et on se régalait.

Des fois la Marie-Louise elle nous criait "mettez le chapeau que le soleil y tape. Que vous allez m’attraper un coup de soleil et après qui c’est qui vous soigne hein, ma parole si vous restez pas tranquille en rentrant j’le dis à vote père, y vous en donne une, bien! bien!, et la prochaine fois vous venez plus". Pauvre maman y en a eu des prochaines fois et à chaque tu trainais ta basse cour avec toi, ah oui, qu’est ce qu’elle était belle la mer à St Cloud. Des fois on voyait au loin des gros bateaux qui passaient et on disait, tiens y vont en France, mais la France c’était où ?? loin loin loin!!! Ah oui, pour nous la France c’était vraiment loin de notre belle plage de St Cloud et franchement on avait même pas envie de la connaître cette France c’était là bas de l’autre côté de la mer, et on en avait rien à foutre. Si j’avais su ce que la France allait me réserver!!

Moi à St cloud en mars 2009.

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Des fois on trainait plus longtemps, et on ne repartait que vers les 18 heures, et alors on voyait le soleil se coucher au loin sur la mer, et descendre tout doucement, des couchers de soleil magnifique, ça oui c’était du bonheur à l’état pur. Des fois les enfants nous marchions jusqu’au bout de la plage qui faisait un virage sur la droite tout au fond, pour rejoindre la plage de Chapuis. Et là aïe aïe, ma mère elle arrivait avec la savate brandie en l’air. "Ma parole j’vous en donne une, devant mes yeux je veux que vous restez" et on faisait fissa à revenir près d’elle, après nous être bien baigné on sortait de l’eau, on se mettait la serviette dessus les épaules, un petit vent se levait juste assez pour nous mettre la chair de poule, et alors ma mère sortait les sandwichs, on se jetait dessus comme si on n'avait pas mangé depuis une semaine, qu’est ce qu’ils étaient bon ces sandwichs à la soubressade alors, il y en avait aussi des fois avec de la saucisse de sangliers car mon papa et oui c’était le roi des chasseurs, et oui je sais je le dis souvent mais mon père c’était mon héros.

Et alors des fois, passait le marchand de cacahuettes qui criait "cacahuettes! cacahuettes guermeche!!" et là, laisse qu’on casse la tête à ma mère pour qu’elle nous achète un cornet de cacahuettes, alors le marchand il faisait un grand cornet avec une feuille de papier journal et remplissait le cornet de cacahuettes. Et puis l’après midi avançait alors ma mère donnait le biberon à ma sœur, tout en nous disant "allez les enfants on y va et que j’en vois pas un maintenant que vous avez mangé qui rentre dans l’eau ma parole je le dis à vote père et y vous donne une tannée en rentrant", et voilà on remontait ces fameux escaliers, je me rappelle que là, c’était plus dur pour les jambes, car la route montait, et on retournait à la maison, des fois en marchant on se retournait et on voyait, vu que le soir descendait tout doucement, la mer briller de milles feux, je ne sais pas ce que ma mère et madame Poitevin pouvaient se dire mais je me rappelle que elles s’arrêtaient pas de parler et de rire en même temps, oui la Marie-Louise elle avait l’air heureuse dans ces moment là.

Arrivé à la maison, c’était la douche, dans le garage mon père avait installé une poire et si par malheur on montait en haut sans la douche, aïe aïe aïe, les cris de ma mère. "oilà, oilà, la maison elle est pleine de sable. Et moi je m’la nettoie, hein ou kournoutte et bastonade!!" Oui nous étions des gens simples, et j’en suis fier, car nous étions vrais, mais juste ces petits bonheurs faisaient que nous étions heureux, je sais que dans le monde de 2009 ça peut prêter à sourire pour certains jeunes qui lisent ces lignes, c’est normal le monde que j’ai connu, était le paradis, et nous pieds noirs, avons eu la chance d’y vivre. Alors, à jamais je veux me souvenir de toi ma belle plage de St Cloud, de vous tous mes petits marbrés qui me frétillaient dans la main quand je les sortais de l’eau. De toi ma belle méditerranée, de toi ma belle plage de St Cloud et de ton sable chaud, je veux me souvenir des trous que nous creusions dans le sable à peu près 1 mètre de profond, ensuite nous mettions des bouts de roseaux dessus que nous recouvrions de sable et là on s’éloignait un peu et on attendait le client, que un couillon y passe dessus et y tombe dans le trou et là,on riait on riait. Mais !non! je parle pas de la méditerranée de Marseille, celle là elle est toute polluée, oui oui toute polluée. Ma Méditerranée à moi, elle se trouvait le long des côtes de mon pays l’Algérie et ne s’éloignait jamais de plus de 1 kilomètre du bord, et oui, c’était la méditerranée de mon pays l’Algérie, et je m’en rappellerai toujours comme quand c’était le temps des jours heureux.
 
Gérard

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