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Gérard

Les jours heureux

Quand j'allais à l'école à Bône

(Gérard Rodriguez)

La première école que je me rappelle c’était l'école des sœurs, je ne sais plus très bien l’adresse. Mais je me rappelle qu’il y avait devant, une grande place pleine d’arbres gigantesques et surtout ils étaient toujours pleine de feuilles, quand on y entrait il y avait une grande pièce peinte en vert. Et dans la cour on y jouait je devais avoir 5 ou 6 ans, ou moins mais je me rappelle très bien de la sœur qui nous faisait la classe, elle s’appelait mademoiselle Doris. Une vraie peau de vache, méchante comme pas possible, je me rappelle d’une fois elle m’avait mit un bonnet d’âne, un espèce de grand chapeau fait en papier feutre, gris avec deux grandes oreilles, et à genoux devant le tableau et tous les élèves riaient, je sais même pas ce que j’avais fais, pour me venger, car attention j'avais tout un caractère, un jour qu’elle passait dans les rangées, j’avais prît l’encrier, vous vous rappelez ces encriers en espèce de céramique encastré dans la table et l’instituteur y passait avec la bouteille et y mettait de l’encre dedans, et je lui avais jeté toute l’encre dessus, oh ben alors là, la voilà qui raconte tout à la mouquère qui me ramenai chez moi, qui elle la mouquère raconte à ma mère et oui je me revois encore à supplier ma mère de pas le dire à mon père et elle me dit non non je lui dis pas mais arrêtes de crier comme cela. Tu parle dès qu’il est arrivé, ma mère raconte à mon père, et moi je m’étais prit toute une tréaa. Une fois on avait joué une pièce de théâtre et j'ai encore la photo où je suis habillé en petit marin avec ma belle casquette en papier crépon, et j’étais vraiment beau avec mes cheveux long roux on m’appelait poil de carottes, et que ma mère me faisait ce que on appelait les saucisses.

13 juin 1954, moi gégé dans le rôle du petit marin. Piece de théatre joué dans la cour de l'école des soeurs à Bône.

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Ensuite je suis allé à l’école Beauséjour de 58 à 60, je me rappelle on montait une rue qui finissait au fond pour ensuite tourner sur la gauche, on attendait sur le trottoir en ligne que on ouvre la porte, et on entrait il fallait monter 5 marches et là à droite se trouvait ma classe je me rappelle comme elle donnait sur la rue il y avait des gros grillages aux fenêtres pour pas que les fellaghas y nous jette une grenade, vous vous rappelez même dans les cars il y en avait des grillages aux fenêtres, bon je continue, puis un couloir et le grand préau, avec la cour en face.

Moi devant l'entrée de l'école Beausejour mars 2010.
Moi, mars 2010 dans ma classe à l'école Beauséjour assis à la même table que en 1957.
Moi mars 2010 dans ma classe à l'école Beauséjour.

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Tout le monde était habillé pareil, tablier noir et des années il était gris, on ne faisait pas comme maintenant des parades de mode, l’école c’était fait pout étudier. J’ai eu là un professeur qui m’a donné le goût de l’histoire, il s’appelait monsieur Roméo et quand il parlait des hommes préhistoriques ou de Richelieu je buvais ses paroles, il savait raconter. Surement un passionné, ah lui il était gentil, d’ailleurs je crois bien que c’est lui qui m’a donné la piqure, la passion de l’histoire, j’ai eu là aussi un autre prof monsieur Lanaspre, lui j’ai appris qu’il était mort en France en 2005 je crois, c’est dans sa classe je me rappelle que des fois il venait un monsieur avec un projecteur et il nous passait des films sur la France des films sur la géographie de la belle France, pou narboukk!! Enfin nous on aimait ça car pendant ce temps on avait pas de devoirs. C’était bien le cinéma à l’école.

Aïe aïe lui monsieur Lanaspre, fallait pas rigoler, très méchant, aussi il avait deux règles qu’il appelait josephine et l’autre fifine, et avec il nous faisait mettre les doigts en pointe et nous tapait dessus comme une brute, eh oui en ce temps là on se la fermait sinon le père y nous disait "ah oui tu me fais remarquer à l’école, à moi que tu me fais perdre la figure" et vlann on se prenait une tréaa. Maintenant ça à changé si on se plaint le père y va casser la gueule du prof résultat, la plupart des enfants y apprennent plus rien. Bref... une fois je me rappelle j’avais la tête en l’air et ce salaud là il me lance la brosse du tableau faite de bois et de feutre, une autre fois il avait fait un trou dans la tête d’un petit arabe en lui tapant dessus avec sa règle, et le pauvre petit y pleurait tout ce qu’il savait, bref ce Lanaspre un tortionnaire, une fois je suçais mon stylo vous vous rappelez les premiers stylo bic ils coulaient sans arrêt et voila pas que le petit bouchon bleu au bout s’en va et je me retrouve plein d’encre dans la bouche, je m’en vais le voir pour lui demander d’aller me laver, il me dit approche, approche, fais voir. Moi, innocent, je m’approche, et vlan il me met une putain de claque en me disant va te laver la figure diocane, oui je me rappelle très bien des paroles. Sauf que dans la cour y avait juste de l’eau froide alors je me suis ramassé la figure toute bleue. Je rentre à la maison et là ben j’ai eu la rince par mon père.

Oui en ce temps là on marchait droit, je me rappelle qu’un après midi vers les 5 heures en sortant de l’école c’ètait en septembre et il pleuvait une grosse pluie fine, mais il ne faisait pas froid, et arrivé presque devant les bâtiments des frènes en allant vers la menadia, je vois des gens attroupés autour d’un car arrêté je m’approche et je vois sous les roues du car un petit garçon qui venait de se faire écraser je me rappelle que une dame avait posé son parapluie sur son petit corps car il était mort cela m’a marqué longtemps car même maintenant quand j’y pense je revoie une scène triste avec cette pluie fine mais continue qui tombait, et son petit corps était tout mouillé et comme il y avait une pente l’eau se frayait un chemin sur les côté de son corps pour redescendre encore plus vite sur la route, oui je revois trés bien cette image.

Jean-Pierre César.

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Ensuite je suis allé à l’école de St Cloud en allant vers l'église St Thérèse. Et là comme on habitait la cité Montplaisant près de St Cloud en descendant la fontaine romaine vers la menadia, il y avait toujours au coin un arabe avec une petit cariole qui vendait toutes sortes de bonbons il était très gentil il s'appelait Moustique et je sais que avec nous les enfants il était toujours très aimable, il nous amusait et des fois même nous donnait des bonbons sans avoir à les payer, je me rappelle de rouleaux de reglisse avec au centre une petite bille de couleur bleu ou rouge ou verte, il y avait aussi un arabe qui avait une petite boutique, où il vendait des mahkrous et des zalabias, et comme on était pauvre ben on avait pas d’argent de poche, et une fois je me rappelle j’avais prit dans le porte monnaie de ma mère, 3 pièces de 5 francs je veux dire 5 centimes. Vous vous rappelez elles étaient légères et grosses et de couleur gris clair, et j’avais mit les pièces dans les poches de mon  tablier, voila que en descendant les marches de la maison, ben les pièces ça faisait ding ding ding et ma mère qui monte l'escalier et qui me dit "qu.est ce que tu as dans ta poche, moi je suis devenu tout rouge, elle a trouvé les pièces eh bien je me rappelle de ce jour car ma maman n’a pas criée, au contraire elle m’a expliqué que nous étions pauvres et que cet argent servait a acheter de la nourriture et qu’il ne fallait faire ce que j’ai fais. Je n'ai jamais recommençé et je me rappelle avec le temps quand je repense à la scène que ma mère se sentait surement coupable de ne même pas être capable de nous donner de l’argent de poche, ah maman ça fait deux ans que tu es morte mais alors quel vide tu nous laisses, tu étais petite de taille mais grande de cœur.

Ah oui je me rappelle très bien de mes écoles, du tablier gris ou noir des sandales en plastique que nous portions l'été et de l’imperméable que nous avions l’hiver pour la pluie, il était en caoutchouc et qui sentait le caoutchouc d’ailleurs, oui quels merveilleux souvenirs. On avait hâte de rentrer à la maison pour jouer aux gendarmes et aux voleurs, ou à zorro, ou aux cow boys et aux indiens. Et vers 7h30 le soir ma mère se mettait sur le balcon et sifflait et elle sifflait très bien, et elle nous disait "regardez, hein!!! je siffle une fois, après c’est vot’e père qui sort avec la ceinture" ah la la on était aimé dans ce temps là oui dans ce temps là les poules prenaient soin de leur poussins. Et nous on se sentait protégé, c’était le temps des jours heureux.

A mon papa et ma maman.
Gérard

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