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Gérard

Les jours heureux

La couronne des rois

(Gérard Rodriguez)

Le matin ma mère prenait le couffin, et on partait chez le mozzabitte en bas de la ménadia, (à Bône) acheter, la farine, le sucre, la fleur d'oranger et tous ce qu’il fallait pour faire la pâte. Les œufs nous les avions de nos poules et ils étaient bon à mourir nos œufs car en ce temps là on nourrissait pas les poules avec de la saloperie comme maintenant. Je nous revois encore, ma mère qui était petite et moi encore plus petit car je n’avais que 10 ans, avec ce grand couffin, qui du coup se trouvait tout débalançé. On le portait chacun en tenant une poignée, ce qui faisait que le couffin il se baladait comme sur un bateau en pleine mauvaise mer, et en nous donnant à chaque fois des bang! Bang! contre les genoux d'un mouvement chaloupé. Ma mère avait sa belle robe à fleurs et en marchant, elle semblait danser. Oui tu étais belle maman. Pas comme les femmes des magasines toutes remontées, non maman tu étais belle. De cette beauté dont maintenant plus personne ne porte attention, et pourtant s'ils savaient tous comme ils sont loin, s’ils savaient tous ces gens de maintenant comme je suis riche de toi.

Ma belle maman en 1955 sur le cour Bertagna face à la mairie, à gauche mon frère Dominique, à droite moi gégé.

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Nous rentrions à notre belle villa, et tu déballais sur la table toute simple, en bois que papa avait faite à l’usine à gaz et qui était je me rappelle peinte en vert. Et tu prenais le grand plat en aluminium, tout cabossé, dans lequel tu faisais aussi le couscous. Et là, je te regardais du haut de mes 10 ans, mettre, la farine, faire un trou au milieu, et mettre le sucre, les oeufs, un peu d'huile, la levure alsacienne, la fleur d'oranger et tu râpais des écorces d'oranges ou de citron de notre jardin, c’était je me rappelle des oranges tomson de notre jardin, grosses comme je n’en ai plus jamais revue, et alors en versant un peu de l’eau tu pétrissais la pâte. Et je voyais tes gros seins qui sautaient au rythme du balancement que tu donnais pour mélanger et cela me faisait rire. Ensuite tu mettais un chiffon dessus la pâte et tu la laissais poser, je me rappelle que des fois quand tu avais le dos tourné. On allait voler un morceau de pâte et tu nous disais. En criant doucement comme on dit chez nous, mange pas ça, tu vas t'étouffer, c’est pas cuit!!

Parfois je me rappelle certains jeunes du quartier venaient et tu les embauchais pour pétrir la pâte, ensuite tu prenais des morceaux de pâte. Tu les allongeais, en forme de boudin, et tu les rejoignais pour former la couronne. Avec ta main tu étendais des œufs battus dessus, pour les dorer, et tu semais des grains d'anis de toutes les couleur, sur certaines tu mettais un œuf que tu faisais tenir avec deux petites bandes de pâte qui se croisaient, je me rappelle aussi que tu découpais aussi dans du carton des formes comme des poupées, des chevaux, des bateaux. Et tu étendais de la pâte et en plaçant les formes dessus, tu découpais autour avec un petit couteau, ces gâteaux là étaient pour nous les enfants, tu passais le reste de la journée à les cuire dans cette petite cuisinière à gaz toute simple que nous avions près du lavabo de la cuisine, et comme le four était petit tu ne pouvais en cuire qu’une à la fois, mais alors ça sentait bon, dans toute la maison, ça sentait la fleur d’oranger, et la vanille,et la farine, puis quand les couronnes sortaient du four,tu les alignaient les unes à coté des autre sur le comptoir, qui était en petits carreaux de céramique vert. Je me rappelle des fois certaines étaient un peu brûlées dessous, car ta cuisinière ce n’était pas comme les fours modernes d’aujourd’hui, mais ma belle maman tu faisais les meilleurs gâteaux du monde, et puis dans la soirée les voisins venaient voir tes couronnes, car oui c’était la coutume.

Mon papa et ma maman en France en 2004 en train de faire les oreillettes.

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Tous le monde faisait ses couronnes des rois, et je me rappelle, qu’on se les échangeaient. Tu me disais. Tiens va porter celle là chez les Sultana. Chez les Checutti, etc, etc. Et à l’inverse eux aussi les voisins me donnaient une de leur couronne, ce qui fait qu’on en avait toujours le même nombre, c'était un gâteau assez sec. Que nous trempions dans le café au lait, car mangé comme cela sans liquide, aie aie la madone!! On s'étouffait. Mais dans le café, ah!! comme c’était bon, tu avais l'air si heureuse quand tu faisais tes gâteaux, et aujourd’hui, moi à 59 ans alors que tu n’est plus là, tu vois,maman je me rappelle encore de tout cela, et du bonheur que tu nous a donné simplement avec tes couronnes des rois, je me rappelle, leur senteurs. Je te vois les faisant, tout cela est intact dans ma mémoire, merci pour cet héritage, car avec bien d’autres choses que tu nous a légué, tous cet amour de mère poule, il me permet aujourd’hui dans un monde devenu individualiste, sans âme, de vivre, c’était de l’amour que nous mangions, de l’amour comme on en voit plus, oh certains diront ce n’était que des gâteaux, non! non!

A vous les jeunes qui vivez de la tv et du ipod et d'expédients superficiels, etc, etc. Vous ne pouvez pas comprendre, ou alors,demandez donc à votre maman de vous faire des couronnes des rois, comme faisait Marie-Louise, comme quand c’était, les jours heureux!!

A ma mère avec mon amour.
A suivre

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