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Etienne Courbin

La biographie d'Etienne Courbin

Chapitre VI.
Je trouve ma voie...

(Eveline Courbin)

Le 11 Septembre 1929, j'épousais au Sig, ma fiancée Cécile. Le curé du village, l'abbé Mollar ne voulait pas nous marier car je ne connaissais pas mes prières. En apprenant que nous allions nous marier uniquement à la mairie, il se ravisait et consentait à nous marier à l'église. Le matin, c'était le mariage civil à la mairie. Après un repas frugal en famille, l'abbé Mollar bénissait notre union à l'église, l'après-midi. Toutes les voitures que j'avais vendues étaient du cortège, il y avait beaucoup de monde. On festoyait toute la soirée et en douce, ma femme et moi allions passer notre nuit de noces à Oran.

Etienne et Cécile Courbin

Deux jours plus tard, ma femme, mes beaux-parents et moi partions en France assister au mariage du frère aîné de ma femme, Antoine. Il épousait une jeune fille de la région de Lyon, Simone Gauthier. Nous embarquions tous les quatre sur un bateau à Oran jusqu'à Marseille. La traversée était très agréable et la mer était superbement calme, une mer "d'huile" comme on disait chez nous. A Marseille mon beau-frère Antoine nous attendait. Nous restions une dizaine de jours à Saint-Victor-de-Morestel, chez la famille Gauthier. Les Gauthier étaient si aimables et si gentils. On visitait la région, on faisait de belles ballades, mais il fallait rentrer au pays et on repartait sur Marseille prendre le bateau, le Dolbiaz qui coula trois ans plus tard. Au retour la mer était déchaînée si bien que tout le monde était malade. Ce n'était pas certes aussi agréable qu'à l'aller.

A notre retour de France, l'oncle Crespo (je dis l'oncle, parce que c'était un oncle de ma femme, sa mère et la tante Crespo étaient soeurs) nous invitait à déjeuner. Au cours du repas, l'oncle me faisait remarquer:

L'oncle et la tante Crespo avec leurs enfantsLa tante Crespo

- "La camionnette que tu m'as vendue ne me convient pas. Je t'ai demandé une 3 tonnes et tu m'as vendu une 1 tonne."

- "Qu'à cela ne tienne; je vais vous la racheter."

Je me retrouvais donc avec deux taxis et une camionnette. Mon premier transport était pour un ami, Monsieur Valverdé, liquoriste à Sig. Ensuite venaient les légumes à transporter de la plaine du Sig sur les marchés d'Oran. Je travaillais comme un fou et ne m'économisais pas un seul instant. J'effectuais trois et quatre voyages par jour mais aussi je gagnais pas mal d'argent.

Fatigué par le travail, je souhaitais me délasser un peu en retournant à la chasse aux sangliers dans la région de Frenda. Je n'osais pas trop partir et laisser ma femme mais avec sa bénédiction, je contactais à nouveau mon ami Habib avec qui j'avais tué mon premier sanglier. Le dimanche matin suivant, nous partions tous les deux à nouveau à la chasse. Cette fois, j'avais ma voiture et nous nous retrouvions à Mascara pour entamer la piste de la plaine du Cinquante. Il avait beaucoup plu la veille, la piste n'était pas très praticable. Pour atteindre la maison de mon ami Bellil, un bel homme, grand, à moustaches, il nous fallait encore traverser un grand ravin.

Mon ami Bellil

La piste était trop mauvaise et nous étions obligés d'abandonner la voiture. Il nous restait encore 7 ou 8 kilomètres à effectuer à pieds si bien que nous atteignions la maison de Bellil tard dans la soirée. Il faut préciser que notre ami Bellil avait construit une maison depuis notre dernier passage. Là, nous avions une grande chambre avec une cheminée où nous attendait un bon feu de bois. Le Lundi matin nous voilà prêts de bonne heure pour aller traquer le sanglier. Nous n'avions rien vu de la journée. Nous décidions alors de rester une journée supplémentaire. Le lendemain, c'est à dire le mardi matin, nous retournions à la chasse, Habib, son frère et moi, les rabatteurs et les chiens. J'avais comme fusil, celui d'un ami, Antoine Gimenez du Sig (ne pas confondre plus tard avec Antoine Gimenez d'Arzew, un autre très bon ami de chasse). J'avais invité cet ami Antoine à venir avec nous à la chasse, mais comme il ne pouvait pas se joindre à nous, il insistait pour que j'essaie son fusil. C'était un fusil avec deux canons juxtaposés et au dessus, au milieu, un troisième canon qui tirait des balles comme les fusils Lebel que nous avions à l'armée.

Une fois au poste, je charge ce fusil. Un sanglier sort non loin de moi et avec la balle du dessus, je le tire en pleine tête. Il tombe net, je m'approche de lui pour constater où ma balle l'avait atteint. Pendant ce temps deux sangliers passaient à mon poste alors que j'avais la tête tournée. Les autres chasseurs me le racontaient par la suite. Je vidais mon sanglier et comme il était tard, nous nous apprêtions à rejoindre la maison de Bellil au moment où, un jeune arabe dépêché par Bellil, venait nous avertir que les gendarmes étaient chez lui. La chasse était interdite et il ne fallait pas se faire prendre. Je cachais le sanglier dans la forêt en l'attachant très haut sur un arbre. Nous sommes rentrés sans faire de bruit dans notre chambre afin de ne pas éveiller les soupçons des gendarmes. Le mercredi matin, nous écoutons les gendarmes s'éloigner, ramassons nos affaires et partons avec un âne chercher le sanglier. Nous allions retrouver la voiture pour retourner au Sig. Il avait plu dans la nuit et en chemin, nous trouvons à nouveau des traces fraîches de sangliers. Je dis alors à l'arabe qui conduisait l'âne:

- "Continue ta route et attends nous à la voiture."

Nous suivons, Habib et moi, les nouvelles traces de sangliers. Il se faisait tard, et je décidais d'abandonner. Habib, lui ne voulait pas rentrer avec moi; un de ses amis du douar voisin venait de mourir et il décidait de rester pour l'enterrement. Un jeune du coin se proposait de m'accompagner jusqu'à la voiture. Arrivés à la voiture, nous ne trouvions ni l'âne ni le sanglier. Je ne voulais plus attendre et me mettais au volant. Nous avions passé l'arabe et moi une partie de la nuit pour traverser à nouveau le ravin. Il avait plu depuis notre arrivée, la voiture dérapait et se retournait. Un vrai calvaire. Nous avions mis au moins 4 heures pour faire 7 kilomètres de piste. En bout de piste je tombais en panne d'essence. Il me fallait attendre le jour pour qu'une camionnette bâchée qui transportait des légumes à Frenda, me prenne en stop. Il pleuvait toujours, heureusement que je portais la "djelleba". Assis sur les pommes de terre et emmitouflé dans ma djelleba, je grelottais. Il pleuvait tout autant dans la camionnette que dehors... Je ris encore en revivant cette scène. Arrivés à Frenda, je cours poster un télégramme à ma femme pour lui annoncer mon retour dans la journée, nous étions jeudi. Le conducteur de la camionnette me signalait:

- "Je n'ai pas le temps de m'arrêter à une station. Vous prendrez l'essence à Martimprey."

A Martimprey, pas d'essence. La camionnette, elle, continuait sa route vers Saïda et me voila seul, à pieds, quêtant un peu d'essence de ferme en ferme. Pas d'essence nulle part. Soudain que vois je à l'horizon? Un camion qui remplissait son réservoir d'essence sur la route. Je cours vers lui et demande au chauffeur l'aumône de 5 litres d'essence. Il me faisait cadeau un bidon de 5 litres et je repartais faire du stop pour retrouver ma voiture au début de la piste de la plaine du Cinquante. Celui qui m'avait accompagné était toujours là et gardait la voiture. Heureusement qu'il était venu avec moi. Je le quitte en le remerciant et je continue ma route vers le Sig. Il était bien tard et avec mes 5 litres d'essence seulement, je n'avais pas la prétention d'arriver à destination. A Mascara, je vais au garage de Monsieur Enthoven qui me connaissait de réputation. Il me faisait le plein d'essence à crédit. J'arrivais enfin au Sig, sale, pas rasé depuis 4 jours, je devais sentir le chacal et bien sûr, je n'ai pas été reçu avec le sourire. Ma femme faisait un peu "la tête" je crois. Après une bonne douche, un bon repas et une bonne nuit, me voilà frais et dispos pour un petit déjeuner avec mon beau père et mes beaux frères. Ils daignent enfin me parler :

- "4 jours à la chasse et tu n'as rien tué?"

- "J'ai tué un sanglier et je l'ai laissé sur place. Si ce n'est pas dommage. Vous ne voulez pas que nous allions ensemble le chercher?"

Pas un mot de plus, nous partions aussitôt mon beau-frère, mon frère Henri, mon beau-père et moi. En voiture tous les quatre, nous retournions sur les lieux de la chasse. Nous laissions la voiture sur la piste et je partais seul, à pieds, chercher le sanglier. L'arabe qui, à nouveau conduisait l'âne chargé du sanglier et de mes affaires laissées la veille chez Bellil, marchait bien loin derrière moi.

Sans accès, les sangliers sont portés par un bourricot

Je me pressais de retourner vers les autres qui m'attendaient à la voiture. Soudain, j'entends un coup de sifflet. Je m'arrête net et je pense aussitôt aux gendarmes. En effet, c'étaient eux qui débouchaient et qui se dirigeaient vers moi.

- "Vous êtes bien Monsieur Courbin?"

- "Oui Messieurs."

- "On nous a prévenu que vous chassiez le sanglier."

- "Comment çà? dans cette tenue et sans fusil. Ce n'est pas possible. Je chasse, oui, les perdreaux mais ce n'est pas la bonne période." (Je pensais à l'arabe qui arrivait derrière moi avec le bourricot et le sanglier dessus et je me disais que ça allait sûrement être ma fête).

- "Bon, excusez nous, on nous a mal renseigné mais heureusement que vous ne chassiez pas le sanglier parce que ça aurait pu vous coûter cher."

Un mois plus tard, l'arabe qui conduisait l'âne avec le sanglier vint me voir au Sig et j'apprenais que, chemin faisant, il y eut soudain un coup de vent qui lui a rabattu son burnous sur la tête. Pendant ces quelques secondes où il était dans le noir complet, l'âne a fait demi-tour sans même qu'il s'en aperçoive. Il continuait tout droit sa route et l'âne marchait dans le sens inverse. Grâce à ce coup de vent, j'avais échappé à la sentence des gendarmes. Inutile de vous dire combien j'ai remercié ce brave homme et les cadeaux que je lui ai fait.

Je viens de vous raconter l'histoire de mon deuxième sanglier.

Quelques jours plus tard, je reçois la visite de Monsieur Enthoven de Mascara. Je pensais qu'il venait encaisser l'essence, mais pas du tout:

- "Monsieur Courbin, ne voulez vous pas représenter Citroën, Panhard et Levassor au Sig?"

Les Delahaie à ce moment là, ne se vendaient plus très bien, elles étaient trop chères. Le prix des Citroën était plus abordable. J'allais voir Monsieur Nicolas à Oran et sans problème il me libéra de tout engagement. C'est ainsi que je devenais représentant Citroën, Panhard et Levassor. Les transports marchaient bien, j'achetais mon premier camion Panhard-Levassor. J'engageais un chauffeur pour conduire ce camion, et ce fut Khama, un très brave homme pour qui j'avais beaucoup d'estime. Sa femme Aicha, travaillait chez nous à la maison en tant que femme de ménage. Ils sont restés de très nombreuses années chez nous. J'achetais une deuxième camionnette et un deuxième camion Berliet 10 tonnes et me lançais complètement dans les transports. J'avais un grand parc que j'avais loué pour entreposer tous ces véhicules. C'était dans ce parc que les cirques faisaient leur représentation lorsqu'ils venaient nous rendre visite à Sig.

Ma femme et moi habitions rue Dupuytren, juste à coté de René Garcia. Nous continuions l'été à aller à la chasse aux perdreaux ensemble. Un dimanche, nous étions allés tous les deux à la plaine du Cinquante. Quand on s'arrêtait à midi "pour casser la croûte", René racontait à nos porteurs:

- "Savez vous que Monsieur Courbin mange beaucoup de tomates? C'est pour ça que beaucoup de gens l'appelle Monsieur Tomates."

Nous rentrions à la maison avec 30 ou 40 perdreaux chacun, parce qu'on voulait bien s'arrêter de chasser. Le père de René venait le soir voir nos trophées alignés dans la cour:

- "Ce n'est pas possible que vous ayez tué tous ces perdreaux. Peut être les avez vous achetés."

En 1930, j'achète sur la grande avenue du Sig un magasin. Je représentais toutes les marques d'huile et différents produits pour les voitures et les camions. J'avais un employé pour s'en occuper mais j'y allais très souvent. Comme je ne pouvais pas m'occuper de tout moi même, je liquidais les taxis.

Le 20 Juin 1930, nous avions ma femme et moi, notre premier enfant. Une petite fille que nous appelions Sylviane mais que nous avons appelée notre vie durant Sylvette. Elle est née au Sig dans la maison à côté de celle de René Garcia, rue Dupuytren.

Sylvette Courbin bébé

Nous prenions alors notre première femme de ménage. La femme d'Ali Chérif, frère aîné de Rhama et Lakhdar dont je vous parlerai plus loin. Un dimanche de Septembre de cette même année encore, j'amenais ma femme chez mes beaux-parents à la plage à Saint-Leu. Moi, je partais à la chasse aux poules de Carthage au barrage d'Arzew. En revenant de la chasse, je trouvais Julot qui m'attendait:

- "J'ai une mauvaise nouvelle à t'annoncer. Notre frère Louis s'est tué à Casablanca d'un accident."

Le soir même nous partions tous les deux au Maroc chercher le corps de notre frère pour l'enterrer au Sig.

Le 27 Juin 1933 nous avons notre deuxième fille, Yolaine. Elle aussi est née à la maison, rue Dupuytren.

Yolaine Courbin bébé

Cette année là, j'achetais encore 2 camions Berliet avec remorques et une camionnette Ford. Ils appartenaient à Monsieur Galiana qui venait de décéder. Je les avais obtenus par l'intermédiaire de mon ami René Garcia, et par le frère de Madame Galiana, Alexandre Riera. Je gardais leurs chauffeurs, les trois frères Sanchez, Manuel, Pacco et Bernado, amis fidèles et sérieux.

Alors que je revenais d'Oran avec ma femme, je suis rentré avec la voiture dans une charrette. L'arabe qui conduisait cette charrette avait placé le feu rouge arrière sur le côté si bien que la charrette n'était pas éclairée. Ma femme avait 2 côtes cassées, et quelques contusions; Moi, je n'avais rien mais la voiture était en bien mauvais état. Il me fallait la changer et j'allais aussitôt à Paris chercher ma première Citroën traction avant. Je l'embarquais à Marseille et rentrais en Algérie par Alger. Le temps d'obtenir les papiers, j'étais sans voiture. A ce même moment j'avais un procès au Tlélat contre un nommé Monsieur Vincent pour qui j'avais effectué quelques transports. Il refusait de les payer. Entre temps, j'ai fait la connaissance de Madame veuve Armandine Couret, une fille Duplan d'Oggaz qui venait chaque fois faire le plein de sa voiture chez moi. Elle était très gentille. C'est elle qui me prêta sa voiture pour aller au procès au Tlélat. Là, je rencontrais Julot qui revint avec moi au Sig. Il était toujours avec moi quand je rendais la voiture à Armandine, c'était l'occasion pour lui de la connaître. Ils se marièrent ensuite et Armandine devint ma belle-soeur "Mandine", si aimée de nous tous.

Julot et Mandine

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