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(Eveline Courbin)
Un dimanche, lors d'une fête d'Arzew, toujours le 15 Août, jour de mon anniversaire, j'étais invité par le Maire d'Arzew, Marc Tournut et Louissico Sévilla, deux très bons amis, à un concours de tir aux pigeons d'argile. C'était la première fois que je fréquentais un ball-trap. Il y avait 3 coupes en jeu ce jour-là, j'en gagnais deux et Monsieur Pomarès de Mostaganem, un fin fusil qui avait l'habitude de tirer sur les pigeons d'argile, gagnait la troisième.
Après cette première victoire, je participais tous les dimanche aux concours régionaux, Canastel, Sidi-Bel-Abbès, Arzew, etc... Dans la région d'Oran, nous étions une équipe intéressante. Messieurs Blanc, Pomares parmi les meilleurs. Dès le début, je réalisais des scores très corrects si bien que je continuais à tirer de plus en plus et m'aventurais un peu plus loin. Mon ami, Jacki Minois d'Alger m'appelait dès qu'une compétition était prévue dans la capitale. Je me souviens du premier concours où nous participions ensemble à Alger. C'est lui qui avait gagné d'ailleurs avec un score de 2O/2O. J'étais second avec un score de 19/2O. L'été, durant les congés, nous ne restions plus tout l'été à Fontaine des Gazelles, nous partions un mois en France en famille et j'en profitais surtout pour participer aux concours de tir aux pigeons. Deauville, Divone, Vichy, Monte-Carlo, etc... Je gagnais des concours partout où je passais. C'est alors que je décidais de créer mon propre stand de tir aux pigeons pour mon entraînement personnel et journalier. Au champs de course du Sig, je faisais, avec l'accord de la municipalité, un stand tout à fait à la hauteur des plus grands stands français. Fosse américaine et olympique pour le pigeon d'argile et les boites automatiques pour les pigeons vivants que je faisais venir d'Espagne parce qu'ils étaient réputés plus rapides. Je m'entraînais assidûment et après avoir réalisé les scores suivants:
Pigeons d'argile:
Pigeons vivants:
Je tente le championnat du monde aux pigeons vivants en Juin 1958.
J'avais acheté à Alger un fusil Bouchet à canon superposé qui me convenait à merveille. Je comptais bien réaliser de bons scores avec. Quand la date du championnat du monde arriva, les meilleurs de l'équipe d'Algérie, Blanc, Pomarès, Rocque, Minois et moi-même nous rendirent à Vichy où se déroulait le 22ème championnat du monde de tir aux pigeons vivants. Il y avait 175 concurrents de toutes nationalités, le championnat durait quatre jours. Au bout du 4ème jour, nous étions 3 en compétition. Le belge Laloux, l'italien Ceroni et moi-même. Inutile de vous dire que l'équipe d'Algérie me soutenait très chaudement. Ils ne me lâchaient pas. Chaque fois que je tirais, leurs coeurs battaient aussi fort que le mien. Le belge Laloux loupait son 21ème pigeon. Nous étions désormais plus que deux en compétition. L'italien Ceroni, excellent tireur et moi-même. Handicape à 28 mètres en 10 pigeons. Il y régnait un silence impressionnant. On n'entendait pas une mouche voler. Nous sommes toujours à égalité. 33/33. On reculait à 28m50, 1 pigeon éliminatoire. Monsieur Ceroni tirait le premier et manquait son pigeon. L'ambiance était pesante. C'était mon tour. J'épaulais et commandais: "Pull". A peine le pigeon s'envolait d'un mètre je l'abattais d'une seule décharge. Gagné! Je remportais le 22ème championnat du monde de tir aux pigeons vivants, un titre que la France attendait depuis 19 ans. Il n'y avait pas eu de champion du monde français depuis 1939. C'était du délire. "La Marseillaise retentissait, la foule m'ovationnait, je sentais monter en moi une émotion indescriptible, les larmes de joie remplissaient mes yeux, mes amis d'Algérie étaient aussi fiers que moi et m'honoraient de leur amitié et de leur joie. Les flashs m'aveuglaient, la foule m'étouffait et me congratulait. Le Comte Gouvion de Saint Cyr, président de la fédération française de tir aux pigeons, me remettait la coupe du championnat du monde restée en trophée à Paris, à la fédération de tir du Bois de Boulogne. Je remportais la médaille d'or que j'offrais à ma femme dès mon arrivée en Algérie.
Là, ce fut du délire. La population du Sig m'attendait pour un vin d'honneur au stade municipal. Dès mon entrée dans le stade, Monique et Claudette Bonnet, les filles de mon ami Eugène, m'offraient des gerbes de fleurs, sous les vivats de la foule qui criait: "Vive le champion du monde". Monsieur Sanchez, Président de la délégation spéciale me félicitait encore, au nom de tous les sigois. La fête n'était pas finie, ma femme et moi organisions quelques jours plus tard à la maison, un immense cocktail qui réunissait la famille, les amis et les autorités locales.
L'Algérie était en guerre depuis 4 ans déjà. Cette guerre se faisait sentir chaque jour davantage et un jour, il nous fallut déposer les armes. C'était fini pour le tir aux pigeons, en Algérie du moins. J'avais la plus grande victoire et le titre le plus honorable, que vouloir de plus?
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